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New York
Mercredi 24 décembre
8 heures
La première fois qu'il avait vu la vidéo, Anthony Malik s'était demandé s'il devait rire ou pleurer. Saraya était tellement obéissante... Et Conrad Hawley était tellement vilain... Quant à lui, il avait eu un coup de chance extraordinaire. Cette bande vidéo représentait un sauf-conduit qui durerait jusqu'à la fin de ses jours.
En apprenant que ses ébats avaient été enregistrés, le procureur général de l'Etat de New York était devenu très pâle. Il s'était mis à genoux. Tout cela avait été très agréable. Malik avait agité la clé du coffre-fort devant le nez de Hawley, lui avait garanti qu'il n'existait qu'une seule copie de la bande, et avait éclaté de rire en voyant des larmes perler dans les yeux du procureur.
Il était assez puissant pour ça.
Malik n'avait jamais cru qu'il aurait réellement besoin d'utiliser l'enregistrement. Le simple fait de savoir qu'il existait aurait dû suffire. Et il avait une copie de sauvegarde planquée dans la maison de Nashville, au cas où Hawley péterait les plombs et s'en prendrait à lui.
Mais à présent, avec Win Jackson qui cherchait à sauver sa peau, Mars mort et un de ses hommes de confiance tué, Malik avait besoin d'un nouveau plan. C'était l'heure de faire fructifier ses polices d'assurance. Il téléphona à Atlas, lui demanda de passer à l'appartement et commença à faire ses bagages. L'ambiance à New York était un peu tendue à son goût. Un voyage dans le Sud permettrait non seulement de disparaître jusqu'à ce que les choses se tassent, mais aussi de faire un tour dans les orphelinats à la recherche de sang neuf.
Quand la sonnette retentit, vingt minutes plus tard, Malik ouvrit sans hésitation. Il était en lieu sûr. Il avait de nombreuses planques éparpillées dans des pays différents. Ici, seuls Atlas et le pauvre Dusty connaissaient son adresse.
Ce fut une erreur fatale. Des hommes en cagoules noires munis d'armes automatiques s'engouffrèrent dans l'appartement. Ils prirent les lieux d'assaut, firent claquer des menottes autour de ses poignets et lui fourrèrent la tête dans un sac en toile rêche qui puait le sang et le vomi. Avant qu'il ait eu le temps de respirer, on l'avait entraîné hors de l'appartement et poussé à l'arrière d'une voiture.
Il avait de gros problèmes, à présent. Ses ravisseurs ne parlaient pas anglais.
John décrocha à la première sonnerie.
— Hola, Juan.
— Hola, amigo. On l'a eu !
— Excellent. Qui va l'extrader?
— Le premier à revendiquer ce droit, sans doute. Plusieurs gouvernements sud-américains veulent l'interroger. Mais sans ton aide, John, on ne l'aurait jamais coincé. Je veux te remercier personnellement. J'ai un cadeau ta femme.
— Lequel?
— Nous renonçons à poursuivre son père.